Comment faire pour ne pas lui faire mal, comment faire pour qu’il ne me fasse pas mal, comment faire pour ne pas me faire mal, comment faire pour qu’il ne se fasse pas mal…
Je suis si maladroite.
Votre mamie Nicole est amoureuse. Oui, je sais ce que vous allez dire, vous allez dire encore, elle nous les casse avec ses histoires, sa vie, son cœur, ses névroses, son cul. Si vous saviez, si vous saviez combien je me les casse moi-même, quand la nuit tombe, quand les rues ont le goût du métal, quand le fil fait des nœuds, quand marcher dessus devient si facile et périlleux.
Trouver le bon rythme, cette fois-ci, le bon rythme pour tout dire. Lui donner les clefs, à ce grand couillon dont les yeux brillent dans la nuit rochelaise, celui qui met sa main dans la mienne, deux funambules sur le vieux port, deux esquintés, poètes un pied dans l’eau, tournée des marginaux, je sens sa main descendre, colonne vertébrale, je défaille, ralentir, dire non, repartir, m’abandonner.
C’est un O.V.N.I., il ne ressemble à rien de connu. Celui-ci si je le perds je meurs.
Tout est si fragile.