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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 19:11

 

« On entend dans tout Saint-Maur

Les légumes persifler

C'est à cause du diable au corps

De leur ami le radis gay. »

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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 21:47

 

« Je sais bien que je ne suis pas folle, que c'est le reste du monde qui est fou — et pourtant vous verrez que ce n'est pas lui que l'on finira par enfermer. Il me faudra alors toutes mes ultimes forces pour me convaincre que c'est de mon côté des barreaux que se trouve la liberté. »

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7 août 2014 4 07 /08 /août /2014 14:21

 

« Regarde, Belette, maman double, MAMAN DOUBLE ! »

 

À ce cri la petite chienne, qui dormait dans le panier à l'arrière de la fourgonnette, s'est redressée. Dans la grande descente qui mène à la rivière, le chronotachygraphe du véhicule piloté de main de maîtresse par sa mère flirtait avec la barre des quatre-vingts kilomètres par heure, et dans le sifflement du vent l'équipage s'apprêtait à dépasser le grumier du vieux Léon.

 

La chienne pencha un peu la tête pour mieux voir, et orienta ses oreilles en conséquence.

 

Dans ses yeux, la fierté.

 

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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 14:55

 

C'est là, elle en est sûre, la maison lui saute à la gueule. Certes elle se doutait qu'en se promenant par là, avec Google Maps, il y aurait des choses qui lui reviendraient, même tant de décennies plus tard. C'était plus ou moins le but. Mais elle n'y croyait plus, elle avait survolé la vallée du Rhône sans rien ressentir, bifurqué à Valence, pris la départementale vers Die, vers Gap. Elle avait musardé un peu, les images avaient été prises en été, un été comme jadis, jadis lorsqu'elle marchait le long des routes. Bien sûr les blés avaient la même couleur qu'alors, les pierres de la Drôme la même odeur et pour un peu elle aurait pu entendre les grillons, sentir le bitume chaud sous ses pieds, les alcools et l'orgeat couler dans sa gorge, les mains inconnues posées sur ses fesses. Comme jadis. Mais OBJECTIVEMENT elle ne reconnaissait pas grand chose. Les bâtiments, les rues, les routes, les automobiles, les gens qu'elle avait croisés, tout cela était mort, presque abstrait.

Et puis Crest. La traversée, la grande rue, tout ça. Et au bout cette maison, là, qui ne paye pas de mine, la maison jaune qui oblige la rue à faire un coude. Qui l'obligeait déjà, qui l'oblige toujours. Bien sûr ce n'était pas une banque, à l'époque, c'était un café, un modeste café. Et elle elle se revoit là, devant, sale, tendant le pouce, attendant qu'on l'emmène et déjà fatiguée de voyager, ivre d'amours et de mauvais éthers. 

Des années après en fermant les yeux la vieille dame pourrait presque ce soir-là percevoir la morsure du sac sur ses épaules.

Elle sait alors qu'elle n'avait pas rêvé.

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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 21:51

 

Alors elle a envie de dire que ce n'est même plus cela qui lui plaît, non, ni les auteurs, ni les livres, ni les récits qui ne sont que le reflet de la stérile agitation du monde ; non dit-elle encore, son amour c'est juste les histoires d'orthographe et d'orthotypographie, de lettres qui descendent et d'autres qui montent, de longueurs de mots et d'espaces entre eux, de ponctuations, de guillemets et de cadratins, d'insécabilité, de veuves et d'orphelines. Le rythme des mots pour les mots eux-mêmes, indépendamment de leurs acceptions, les noirs et les blancs comme une musique sur la page, les pavés de textes claquant d'absolu, la sonorité des virgules, la ligne à l'endroit juste, la ligne sereine, inébranlable, harmonieuse, vierge de toute erreur. L'ivresse de la césure, de l'italique et du paragraphe. Le paradis.

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 14:28

 

Quand on veut vendre ce qui ne nous appartient pas on dit que les fonctionnaires sont des feignant(e)s ;

quand on veut fourguer des assurances on dit que la Sécu a un trou ;

quand on veut chouraver le pétrole aux Arabes on dit qu'ils ont des armes de destruction massive ;

quand on veut faire piquer son chien on dit qu'il a la rage ;

quand on ne sait plus quoi dire on dit que ce sont les Romanichels ;

 

QUAND ON NE VEUT PAS QUE SES ENFANTS POURRISSENT TROP VITE ON ACHÈTE UN CONGÉLATEUR.http://i73.servimg.com/u/f73/12/68/13/71/mais_u10.jpg

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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 19:11

 

Alors depuis avant-hier elle a des lunettes de vieille ― vous savez bien, des avec des verres progressistes, comme dit sa voisine. Alors avant quand le monde était trop moche il lui fallait fermer les yeux ; maintenant elle a juste à incliner légèrement la tête et toute la laideur devient floue.

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 18:59

 

http://i71.servimg.com/u/f71/12/68/13/71/charto10.jpg

 

 

« Edwige en est parfois sûre et cette certitude l’apaise : Dieu n’a planté les arbres que pour chatouiller le Ciel. »


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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 18:01

 

À Mireille


C’était cette année-là, tu te souviens ? C’était l’année de Tchernobyl. Oh, bien sûr, toi et moi ce n’était pas le Grand Amour – juste des circonstances. Tu aurais préféré un garçon, j’aurais préféré la Révolution ; mais nous étions là, deux paumées dans cette mansarde d’un patelin de nulle part, douche froide, toilettes sur le palier. Nous avions fini par nous aimer, un peu. Comme si nous n’avions pas eu le choix.

 

L’hiver 1985-1986 avait été froid, tu te souviens ? Virées du foyer des travailleuses (« Pas de ça chez nous ! »). Au fond des bois, la 4L dans la neige, nous deux blotties dedans, ça avait duré combien de temps ? Alors après on en avait été contentes, de la mansarde. On avait passé les deux premiers jours emmitouflées-serrées près de l’unique radiateur.

 

Puis le printemps est arrivé, aussi chaud que l’hiver avait été froid. Miracle du nucléaire. On allait dans les champs, tu te souviens ? On s'y dessinait nues, mutuellement – tu t’étais moquée de moi parce que je t’avais une fois crayonnée sans tête, j’avais mal pris les repères, je m’étais plantée dans les proportions, la feuille était trop petite, nous avions trop usé des éthers. Les paysans hurlaient, nous leur parlions du Grand Soir. Enfin JE leur parlais du Grand Soir, toi il ne t’intéressait guère et ton regard était déjà si loin…

 

Nous nous étions quittées l’été venu sans grande acrimonie ni grands regrets, tu te souviens ? Nous ne nous aimions que « bien » et avions chacune d’autres choses à vivre ; c’était une évidence pour toutes deux que nous ne les vivrions pas ensemble. Je n’ai plus entendu parler de toi pendant onze ans.

 

En 1997 tu as fait les gros titres des journaux. Tu ne t’en souviens pas et ne t’en souviendras jamais. Tu lui avais ouvert ta vie à ce salaud, et lui il a serré de toutes ses forces, je crois ; ses mains s'étaient posées sur ton cou et tes rêves se sont finis.

 


 

POST-SCRIPTUM : Je te dis tout ça parce que j’ai retrouvé plein de dessins dans un carton. En fouillant je me suis mise à espérer vainement que quelques uns des nôtres y seraient. C’est étrange, ils sont dans ma mémoire aussi nets que s’ils étaient d’hier.

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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 15:51

 

Où Yasmina prit soudainement conscience qu’étant femme, communiste, lesbienne, pauvre et transgenre, sa vie n’allait peut-être pas être si facile.

 

 

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http://i71.servimg.com/u/f71/12/68/13/71/ca_aur10.png

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  • Nicole Garreau
  • Fille éperdue.
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