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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 14:17

 

« Mais c’est minuscule !

— Ah oui madame, ce n’est pas bien grand, mais c’est ça qu’il vous faut. »

Ne pas se vexer, le vendeur ne pense pas à mal, de toute façon faut que j’en achète un, un truc comme ça – comme si j’avais de l’argent à dépenser là-dedans. Mais je me rappelle, c’était l’année dernière, je ne l’avais pas fait et puis zou, l’ordinateur avait attrapé la grippe, l’écran viré de l’œil, hop, disparus les souvenirs, envolées les photographies, pulvérisés les textes, les gribouillis, tous les trucs que je lui confiais, à longueur de temps – les messages d’amour que je n’envoyais jamais. Tout s’était barré, devait y avoir un trou quelque part, ou alors j’avais mal fermé, je n’en sais rien. « Faut sauvegarder, mamie ! Sau-ve-gar-der ! », m’avait dit Sabine. Alors s’il faut sauvegarder sauvegardons, on se résigne, on jette tout mais on sauvegarde ce qui se jette tout seul, ainsi va la vie.

Bref, j’ai acquis un disque dur et à ce prix-là j’espère qu’il est très très dur.

 



P.-S. Ailleurs sur la Toile j'écrivais ceci.

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 15:44

 

« Non mon beau merle, faut arrêter avec ça, je ne suis pas amoureuse de mes souvenirs, j’écris, c’est tout, ce n’est ni vrai ni faux, ni vécu ni inventé, ça ne se pose pas en ces termes, c’est la vie qui palpite, encore, un peu, en moi. Ce sont des mots, tout ça, de la littérature, si tant est que je puisse avoir la fatuité de m’octroyer le vocable ou de faire partie de ce monde. Hugo n’était pas misérable, La Fontaine n’était ni corbeau ni renard, Delahaye ne craignait pas la grossesse, il n’y avait que Sagan qui était bien une peste – ou plutôt si, d’ailleurs, ils étaient ça AUSSI, tous autant qu’ils sont, ils étaient ça aussi et il n’y avait que Sagan qui n’était pas que ça, et moi non plus. Alors tu vois, hein, camembert. » 

 

 

Mais-j-avais-rien-dit--moi-copie-1.jpg
P.-S. Tiens, d'ailleurs, petit et immodeste hommage...

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 12:54

 

Elle rigole toute seule : elle se voit en fait, oui, elle se voit elle-même, le derrière dans le sable humide, à regarder droit devant, le rivage, les gens – peu nombreux en cette période de l’année –, et là-bas l’Amérique – ou peut-être pas ? Elle ne sait plus de quel côté de l’île elle se trouve, elle avait été bonne en géographie pourtant, autrefois, elle connaissait tout par cœur, elle traversait les pays sans se perdre et puis les choses se sont évaporées, elle sait juste qu’elle a tourné, à la recherche de la mer, et qu’elle aboutit ici. Comme par hasard.


Elle a reconnu tout de suite, le pont au loin, le bord de la route, l’automobile garée quasiment au même endroit, juste un peu plus rouillée par les attaques de l’océan. Pour un peu elle aurait reconnu les débris sur la plage, bidons et sandales venus s’échouer après un possible tour du monde, os de seiches, odeurs entêtantes, goémon.

 

Elle en est sûre il y a dix ans c’est là qu’elles étaient, toutes les deux, elles étaient venues marcher, en amoureuses. Le ciel était alors limpide et elle croyait que ça durerait toujours.

 

 http://media.wizzz.sdv.fr/7/1/8/4/2/8/5/5/7/6/moyenne.jpg

 

 


 

P.-S. Tenez, tant que j'y pense, juste pour vous, un très beau film à voir : Regarde la mer, de François Ozon. Ne vous laissez pas rebuter par le phrasé.

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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 13:03

 

Bon sang, je suis trop émotive, sûrement, je me prends tout en pleine face, de plus en plus, de plus en plus violemment – c’est sans doute ça, l'âge, nos histoires trouvent écho dans celles d’autrui, dans toutes celles d’autrui ; on relativise tout d’un côté tandis que la douleur devient universelle de l’autre. Fichu paradoxe, encore un.

 

Bon, tout ça pour vous raconter que je me suis faite hier soir une séance « télévision de rattrapage », comme on dit maintenant, chez moi, dans mon p’tit deux-pièces-au-fond-de-la-cour, un truc de vieille, donc, le chat ronflait, la tisane fumait, Internet internait (bon ça ça ne veut presque rien dire, c’était juste pour briller) et je suis tombée sur Va, vis et deviens, de Radu Mihaileanu, et je fus… transpercée, tétanisée, écartelée, bref, tout ce que vous voulez qui fait mal, extrêmement mal.

 

Excès de sensiblerie, oui, je sais. Et pourtant… Va, vis et deviens conte l’histoire de Schlomo, enfant éthiopien noir de famille chrétienne, que sa mère pousse à fuir en Israël en se faisant passer pour Juif falasha, lors de « l’Opération Moïse ». La caméra de Radu Mihaileanu nous propose de suivre, plus de deux heures durant, la manière dont le jeune homme va se construire partagé entre sa famille adoptive et le souvenir lancinant de sa mère biologique, restée dans un camp de réfugiés en Ethiopie.

 

Voilà, bon, mon résumé est un peu lapidaire, forcément, mais je ne veux rien déflorer et je suis plusieurs heures après encore suffisamment submergée par l’émotion provoquée par ce film pour ne point parvenir à en causer sereinement – j’ajoute qu’en bonne anarcho-communiste que je suis plus ou moins restée je ne suis pas nécessairement très versée dans les subtilités de ces univers. Je me suis donc placée en tant que spectateuse lambda, n’ayant aucun parti pris pro ou anti untel ou untel, j’ai juste vu le côté sentiment humain « universel » de la chose.

 

N’empêche, si vous saviez comme j’en ai marre, de tout ça...

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 19:44

 

-- Et la manivelle ? Il n’y a pas de manivelle ? Nathalie regarde la portière, le vendeur regarde Nathalie, personne ne regarde le vendeur. Heureusement, d’ailleurs : bouche entrouverte, yeux écarquillés, nystagmus, il ne doit pas être très chouette à voir, il ne sait pas comment amorcer, il bafouille que non madame, il n’y a plus de manivelles depuis… depuis un moment déjà, mais regardez, si, là, regardez, il y a un petit bouton mignon, discret, hop, la vitre est montée, hop, elle est baissée, c’est magique.

 

Nathalie expliquerait bien que ça ne l’intéresse pas, la technique, que ça fait quarante ans qu’elle tourne une manivelle, qu’elle n’a jamais dit qu’elle en avait marre de le faire, qu’elle ne voit pas où est le progrès, décidément, que quand la batterie ou un truc du même genre sera en panne elle va mourir asphyxiée dans sa voiture, pourquoi ne fait-on plus des automobiles avec une manivelle, on envoie des gens dans la Lune et on ne sait plus faire ça, de qui se moque-t-on ?Teuf-teuf-sous-la-Lune-2.jpg

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 15:13

 

Il m’a regardée avec ces yeux-là, Marie, tu sais ? Avec les yeux d’un enfant découvrant le sapin, un matin de Noël. Et c’est à ce moment qu’il m’a raconté l’histoire, le truc avec les clefs, les figues, le Paradis. Un truc grec et persan, le mélange des univers qu’il disait voir en moi – et moi j’ai fondu, tu penses bien.

 

J’ai tenté de lui expliquer, Marie, je te le jure, mais je me suis laissée faire et son récit m’a emportée. Il m’a dit que je n’avais qu’à regarder les mots, que tout était dedans, que c’était écrit – une quasi-évidence. Le Pairi Daiza, « Paradis », oasis à la porte d’un autre Orient, le Pairi Daiza qui accueillait les voyageurs assoiffés à la sortie du désert, le Pairi Daiza couvert de figuiers aux fruits charnus et magnifiques… Il voulait que je fasse les rapprochements, Marie, tu comprends ? Il me les servait, me les mimait pour que je puisse comprendre – comprendre son périple, comprendre son appétit. Il m’a dit que c’était moi qui gardais la clef de cet Eden, au fond de moi, qu’il le croyait, qu’il en était sûr, la clef, la pliktro des Grecs… Pliktro, le mot est presque resté le même… Pliktro, les figues, le Paradis… ça ne te rappelle rien, Marie ? Il voulait boire en moi et moi je n’ai pas pu lui dire que la source était restée sous les sables – alors j’ai menti et me suis mise à pleurer.

 

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 15:22

 

Mouton-a-cinq-pattes.jpg

 

Je t'ai croisée au détour d'un mot, tu disais d'indicible,

j'ignorais que tu voulais l'impossible.


Un fil se tisse, l'imagination y dépose quelques gouttes de rosée,

l'histoire est belle, ça suffit au bonheur.

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 12:38

 

La forme… la forme est parfaite, épurée. Surface plane, bords réguliers, ni piège ni chausse-trape, couleur unie, pas de faux pli, l’engin glisse d’un côté à l’autre, libre, la table est un Malevitch, le fer un Candeloro, le monde est limpide.

 

Colette garde toujours leur repassage pour la fin, et se demande pourquoi l’on ne s’habille pas que de torchons.

 


 

N.D.L.A. Dans cet entrefilet de MY Arts l'auteur avance que Malevitch trouvait son inspiration dans la crise du TISSU social russe... Amusons-nous de cette coïncidence, qui n'est que coïncidence.

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 14:31

 

Le petit meuble Ikea

est arrivé de chez Telma.

Rempli de paquets de nouilles

il fait la nique au chat fripouille.

  Chat et armoire


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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 11:39

 

Rooooooooo… D’accord, ce blog n’était initialement pas prévu pour ça, non, moi je ne voulais faire rien qu’à y déposer des choses d’une fraicheur insoutenable, des choses avec des rimes et des mots qui font chaud au cœur, parler d’amours, du chat, de mon petit chez moi, de mon dernier mascara ou de je-ne-sais-quoi – des choses de la vraie vie, de celle des anges, bref, « des trucs de fille », comme dit mon amie Emma lorsqu’elle parle des choses en prise directe avec la réalité.

 

Mais là c’est plus fort que moi, ça va déraper, je sens que ça vient, il y a un machin qui m’agace, il va falloir que je pamphlète : au hasard d’une de mes balades en ligne, je suis tombée sur un documentaire causant d’Auroville. Si. Ça m’a laissée en proie à des sentiments très divers, et tout a ressurgi, j’ai des petits soucis de compréhension face à ce genre d’expériences, contrairement à ce que pourrait laisser croire ma euh… mon… ma vie, quoi.

 

Ze vous raconte mon problème ? Allez : dans le cas d’Auroville comme dans de nombreux autres, je suis in fine stupéfaite par la ressemblance entre l’alternative proposée et le système qu’elle est censée bin… alterner, justement, et je ne vois pas comment on ne peut pas ne pas voir que ça, si vous me pardonnez cette phrase un peu tordue. Parce qu’en fait d’utopie désutopisée, je ne sais pas ce que vous avez senti, vous, chafouins lecteurs, mais moi ze n’ai perçu qu’un remake à petite échelle de la honnie Société. Un remake assez dogmatique et même franchement déiste (voir la fondatrice de la chose, hein, « La Mère », à qui les Aurovilliens semblent vouer un culte pire que moi à Brad Piiiiiiiiiiiiiiiitt), un remake ne s’exonérant que très partiellement des notions mercantiles et pas du tout de sa dépendance au reste de la Société, comme on peut l’entendre dans les propos d’une des habitantes (« Ah bah oui forcément, dans notre magasin on n’a pas tout mais si on veut une tablette de chocolat on va l'acheter au supermarché à Pondichéry » – sic) ou dans ceux d’un de ses concitoyens, méprisant tellement le système économique qu’il attend le chèque que sa famille lui enverra d’Europe. J’ veux pas dire, hein, mais question « Le grand Soir », ça m’a laissée un peu flapie.

 

Tiens – pardon, tenez : ça me rappelle un peu le coup des S.E.L., là, les Systèmes d’Echanges Locaux. Comme je suis « rin qu’une pauv’ vieille » et qu’étant petite c’était pire puisque j’étais quasi-blonde, j’aimerais bien que l’on m’explique ce que ça change, ces trucs, sur le fond de la vie. Parce que tout de même, à moins que j’aie loupé un épisode, ça consiste bien toujours à attribuer une valeur aux choses, non, et à échanger lesdites choses contre ladite valeur ? Ça change quoi, alors, au fond, que la valeur soit estimée en monnaie sonnante et trébuchante, en grains de sel, en services ou en je-ne-sais-quoi ? Quoi ? Le troc ? Mais je vous signale tout de même que ça fonctionne déjà comme ça, dans la Société, les enfants : je troque ma force de travail (le « service ») contre des soussous, que je troque ensuite chez Pantashop contre le petit jean qui va bien ; le patron de chez Pantashop troque mon argent contre une grosse voiture qui pollue grave, et ainsi de suite. Normalement, si tout va bien, c’est-à-dire dans un système où les « richesses » sont équitablement réparties, on finit par boucler la boucle. Non ?

 

Auroville ou les S.E.L., je veux bien, je ne demande qu’à être conquise. Mais où, où, où, oui où est le système révolutionnaire ?

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  • Nicole Garreau
  • Fille éperdue.
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