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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 13:55

 

Vous allez voir. Vous allez voir, j’ai déjà agressé Rilke, Luchini, Shakespeare, vous allez voir que je vais m’en prendre à Kidman. C’est infernal, je sais, ça ne va ressembler à rien, à une guéguerre entre Nicole, un crêpage de chignons, « un machin genre jalousie-tout-ça-parce-qu’elles-ont-le-même-prénom » – vous allez penser ça et vous n’aurez pas tout à fait tort.

 

Naaaaaaaaan, tout de même, si je vous cause aujourd’hui de madame Kidman, c’est parce que j’ai l’impression qu’aussi loin que je me souvienne j’ai TOUJOURS entendu parler d’elle, qu’elle a TOUJOURS été là, acteuse, adulte et tutti quanti. Et en fait j’ai découvert hier que non. Que non seulement ce n’est pas vrai mais qu’en prime je suis plus vieille qu’elle et que, subséquemment, il fut un temps où j’étais là et elle pas. Les boules.

 

Vous imaginez ? C’est que ça me rassurait, moi, je pouvais me projeter, espérer, me dire « t’inquiète pas, tu as le temps, tu ne sais pas ce qu’elle faisait après tout, Kidman, à ton âge. Elle était peut-être dans une mouise pire que toi, regarde, elle s’en est sortie, tu vois, toi aussi tu rencontreras Lars Von Trier, toi aussi tu iras faire le ménage à Dogville et boire du Nescafé avec Clooney, un peu de patience ».

 

Tout s’est écroulé. Je sais depuis quelques heures que je resterai caissière, œil terne et cuisse molle, aucun espoir de retour.

 

Lorsque l’on découvre que nos stars de toujours sont plus jeunes que nous, il est même trop tard pour s’en inquiéter.

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 17:34

 

Ah bah non, sinon, pour en venir à ta question, non, je n’ai pour ma part rien écrit de probant en « long format » – je ne peux pas dire que je ne fus pas à un moment tentée mais je suis paresseuse et ma prose ne tient de toute manière pas la distance. Et puis ce sont les mots, peut-être, que j’aime, les mots plus que les histoires. Ce sont eux qui claquent et me nourrissent, eux encore qui m’épargnent ou me tuent.

 

Du coup j’écris beaucoup, un peu, partout, et ai factuellement de plus en plus peur de la logorrhée. Je vais te paraître très prétentieuse mais si tant est que le choix m’en incombait je viserais l’épure, « quelque part », je chercherais à réduire, à « ellipser ». Je me mettrais en quête de la phrase, du mot, de la lettre ou du signe de ponctuation qui contiendrait tout et me sauverait du reste. Un relent de cet absolu que j’envie et dénonce – et qui serait le paradoxe supplémentaire avec lequel composer ce qu’il me reste d’existence. Je serais OuLiPienne par souci de sincérité et d’harmonie.

 

En fait je crois qu’il faut écrire à haute voix. C’est le souffle qui sert et c’est lui qui me manque.

 

Non--Kidman-c-est-en-face.jpg

 

 


 

Merci à mon amie Camille G., à qui était originellement destinée la lettre dont est extrait ce morceau à peine modifié, de m'avoir autorisée à mettre en ligne ce petit bout de notre correspondance.

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 16:10

 

Connaissant la facebookophobie de nombre d’entre vous, fidèles lecteurs, et jugeant néanmoins dommageable que vous vous privassiez des petits tracas quotidiens de votre mamie Nicole préférée, votre blogueuse exploite à fond le filon et propose désormais sur la page My own private little Facebook un petit florilège de ses statuts et publications – expurgés des commentaires et interventions des contacts-z-et-amis, bien sûr : leurs écrits n’appartiennent qu’à eux et il est hors de question qu’ils soient recopiés où que ce soit sans leur explicite consentement.

 

Bon, sinon vous pouvez toujours rejoindre le bal et entrer dans la danse, hein...

 

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 10:50

 

Elle revoit l’image, ne sait plus qui a dit quoi, qui a dit ça, Béatrice Dalle, Virginie Despentes ; elle ne sait plus qui l’a dit mais elle savait qu’elles avaient raison, on est obligée, sinon on devient folle. Ne rien mettre de précieux dans son corps – ils n’en mettent pas, eux, ceux qui y viennent, ceux qui s’y essuient, ceux qui ne respectent rien. Ne rien mettre de précieux pour ne pas ajouter le vol à la douleur, fermer le cœur qui rêvait tant d’oxygène, couper les connections, réciter, tiens, oui c’est ça, réciter un poème, l’alphabet, la liste des courses.

 

Parce que sinon on ne peut pas survivre.

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 00:24

 

Comment faire pour ne pas lui faire mal, comment faire pour qu’il ne me fasse pas mal, comment faire pour ne pas me faire mal, comment faire pour qu’il ne se fasse pas mal…

 

Je suis si maladroite.

 

Votre mamie Nicole est amoureuse. Oui, je sais ce que vous allez dire, vous allez dire encore, elle nous les casse avec ses histoires, sa vie, son cœur, ses névroses, son cul. Si vous saviez, si vous saviez combien je me les casse moi-même, quand la nuit tombe, quand les rues ont le goût du métal, quand le fil fait des nœuds, quand marcher dessus devient si facile et périlleux.

 

Trouver le bon rythme, cette fois-ci, le bon rythme pour tout dire. Lui donner les clefs, à ce grand couillon dont les yeux brillent dans la nuit rochelaise, celui qui met sa main dans la mienne, deux funambules sur le vieux port, deux esquintés, poètes un pied dans l’eau, tournée des marginaux, je sens sa main descendre, colonne vertébrale, je défaille, ralentir, dire non, repartir, m’abandonner.

 

C’est un O.V.N.I., il ne ressemble à rien de connu. Celui-ci si je le perds je meurs.

 

Tout est si fragile.

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 10:41

 

Ecran-total.jpg

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 19:46

 

 [...]

« On peut tomber amoureux(-se) en réfléchissant ? Sans rire on s'en fiche éperdument : il y a des gens qui préfèrent les phacochères, d'autres les rhododendrons, d'autres tout, d'autres rien du tout... Ca s'appelle l'histoire personnelle, et ça dépend, effectivement, de tout un tas de facteurs culturello-environnementaux, et rien que de ça. Que les gens soient homos, hétéros ou n'importe quoi d'autre n'a aucune espèce d'importance et ne signifie qu'une chose : la Société a installé des castes dans le but de mieux régner, de trouver des coupables, de pouvoir montrer du doigt celles et ceux qui serviront à endormir le peuple en étant sacrifiés dans l'arène.

Alors effectivement, "au nom de la science", "au nom du savoir" (tu dis toi-même "il faut savoir" ; mais il faut savoir quoi au juste ?), on peut bidouiller des tas de choses dans un être humain, à commencer par l'humain lui-même. On avait vérifié il y a quelques siècles que les sorcières brûlaient bien, historiquement plus près de nous que le corps de tel ou tel croyant en telle ou telle religion était bien recyclable en usages divers, on veut maintenant vérifier, toujours pour le bien du bon peuple, qu’avec un simple trombone on peut court-circuiter le cerveau de ceux qui, oh la la comme c'est hot, forniquent avec qui ils aiment au lieu de le faire avec qui le monde aimerait qu'ils le fassent -- "aimerait", mais un peu beaucoup hypocritement hein, parce que dans les alcôves ça excite quand même un peu le populo, tout ça.

C'est nauséabond : modernisation de l'arme du crime mise à part l'histoire se répète sans cesse, et à chaque fois les mêmes arguments nous sont resservis.

Le hic c'est qu'à chaque fois on mord de nouveau dans la couillonnade ; "La vie ne nous apprend rien", comme dit la chanson. »

[...]

 

 

(Extrait d'une conversation transatlantique avec L.)

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 15:47

 

Ça a commencé comme ça, tout bêtement, avec un bouquin de Jacques Géraud. Valjean a sauté à la gorge d’Hugo, les Grimm se sont fait casser la figure par Blanche-Neige, Sorel a collé un œil au beurre noir à Stendhal – on est surpris qu’il ne lui ait pas mis l’autre au beurre rouge.

 

C’est ce jour-là que Nadine a pris peur, peur pour elle-même. Bien sûr, dans ses instantanés à elle, elle se gardait bien de glisser des personnages, de les fouiller, de les nommer, de leur faire vivre une vie au-delà du texte. Mais si demain la rébellion s’étendait aux mots ? Si demain c’était eux qui se vengeaient, si les substantifs montaient la tête aux adverbes, les adjectifs aux déterminants ? Si ils refusaient de s’accorder, de s’enchainer, qu’ils réclamaient la paix en lui faisant la guerre à elle, leur mère, lui renvoyant ses tournures de phrases, ses demi-mots, ses mots comptent double ?

 

« Attaque de participes en vue, sus à l’auteuse ! » L’auteuse frémit ; elle avait cru s’emparer du texte et voilà que le texte s’empare d’elle. Elle sait rapidement qu’elle ne résistera pas, va être débordée, submergée, perdre tout contrôle. Elle sait que par représailles un jour il la tuera.

 

Elle ferme les yeux en espérant s’habituer au noir.

 

Rien n’est moins sûr.

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 18:09

 

Mais bien sûr, qu’elle défend le point-virgule, qu’est-ce que vous croyez ? Le tiret cadratin ça n’a rien à voir, ça ne remplace pas, c’est… comment dire… c’est quelque chose qui s’exprime avec le corps, vous voyez ? Le point-virgule est un frein dans la phrase, il évite d’aborder le virage à toute berzingue, il évite que la principale s’écrase sur la subordonnée, que l’une ou l’autre vole en morceaux parce que l’on y sera allée trop vite, que l’idée était glissante, que l’on a mal négocié le propos. Le point-virgule appelle la redite, le point-virgule c’est dans l’urgence ou c’est dans l’attente mais c’est dans le temps ; le point-virgule c’est dans la barricade.


Pas le cadratin ! Que nenni ! Pas du tout ! Le cadratin est le règne de l’espace, il est un nouvel élan, il est l’ouverture. Il est le mouvement de la main qui accompagne l’expiration, oui, comme pour poser un baiser, il va vers l’autre, vers l’extérieur – le cadratin est une naissance, une promesse, un acte d’amour.

 

Adresses utiles : Comité de défense et illustration du point-virgule, sur Kozeries en dilettante, et Mouvement de sauvegarde du point-virgule, sur Facebook. Rien pour le cadratin, bien entendu.

 

 


 

N.D.L.A. Que l'on ne se méprenne pas, hein : je le redis, j'adore le point-virgule et fais même partie de son mouvement de sauvegarde. Je milite présentement juste pour que la noble lignée dont il se targue d'être l'ultime élégant ne fasse pas d'ombre à celui qu'elle désigne parfois comme roture. Vous savez bien que les victimes font les meilleurs bourreaux...

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 15:57

 

Je me suis enfoncée dans les prémices de l’aube, légère, vidée, apaisée – un peu inquiète tout de même, inquiète de tout cet air, tout à coup, tout autour.

Premières secondes de liberté, poumons qui se gonflent, « replace fear of the unknown with curiosity », me dira plus tard Sandra. Oui, c’est ça, exactement ça, cet espace, ce petit matin qui nait pendant que la nuit s’éclipse – mélanger champ des possibles et chant du cygne.

Un programme, il faut se faire un programme, bien sûr, sans quoi rien n’est plus vain que la liberté.

Dormir, lire, rêver, voguer sur les traces d’amours enfuies ou d’idylles enfouies, ouvrir la fenêtre, et peut-être écrire, écrire, écrire, écrire encore – écrire si le cœur me porte et si les mots me le pardonnent.  

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La Blogueuse

  • Nicole Garreau
  • Fille éperdue.
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